Tag Archives: média

Ces rappeurs qui vous invitent à casser du pédé…

29 Nov

Avec le passage de Booba au Grand Journal de Canal+ la semaine dernière, on peut légitimement se demander pourquoi les médias continuent à donner une tribune au courant des rappeurs homophobes. « Business is business » comme ils disent…


Entre les rappeurs et les homosexuels, rien n’est gravé dans le marbre, tout dépend du porte-monnaie. Le rappeur blanc péroxydé Eminem -modèle marketing pour toute l’industrie du hip hop- qui faisait son fond de commerce des injures homophobes au début des années 2000, a  récemment déclaré au New York Times qu’il avait changé d’opinion : «Tout ce que j’ai dit, c’est ce que je ressentais certainement à l’époque. Mais je pense que je me suis calmé un peu. J’ai un regard plus mature sur les choses.» Et on a envie de se pincer en le lisant : «Si deux personnes s’aiment, quel est le problème? Je pense que tout le monde devrait avoir la chance d’être aussi malheureux que les autres.»

Pour ceux qui auraient loupé la vague Eminem, on donnera juste un échantillon de sa grande période, lorsqu’il appelait au massacre. Ainsi dans la chanson « Marshall Mathers »:

« New Kids on the Block, sucked a lot of dick. Boy/girl groups make me sick. And I can’t wait ’til I catch all you faggots in public. I’ma love it.. (hahaha). Plus I was put here to put fear in faggots who spray Faygo Root Beer and call themselves « Clowns » cause they look queer Faggot2Dope and Silent Gay. « Slim Anus, » you damn right, Slim Anus. I don’t get fucked in mine like you two little flaming faggots!

En français :

Les News Kids on the block ont sucé beaucoup de bites. Les groupes de garçon/fille me rendent malade. Et j’en peux plus d’attendre le jour où je pourrai tous vous tabassés en public, sales pédales. J’aime ça… (hahaha) Plus j’ai été mis au monde pour térrifier les pédales. Et ils se font appeler « les Clowns » parcequ’ils ressemblent à des tantouzes Faggot2Dope et Silencieux Gay. »Petit anus » vous avez raison , Petit anus. Je ne me fait pas baisé comme vous deux sale trainée

Eminem, nouvel ami des gays? Surprenant mais vrai. C’est en tout cas le genre de merveilles que permettent les stratégies de promotion de disques. Plus on aime de gens, et plus on vend. Eminem n’avait jamais véritablement négligé le public gay. On se souvient de ses photos très racoleuses réalisées par le roi du racolage David LaChapelle où le rappeur posait dans le plus simple appareil, le regard hystérique, jouant avec un bâton de dynamite phallique.

On est en droit de penser que le public visé par cette photo n’est pas le troupeau des fans de rap misogynes et homophobes, appartenant généralement aux classes populaires, clients peu rentables pour les maisons de disque.

Je vous laisse comparer cette stratégie marketing avec celle des autres rappeurs, notamment français, dont l’exhibitionnisme permanent ne semble pas toujours destiné aux jeunes filles…

Le mythe du corps masculin est finalement le patrimoine culturel commun des rappeurs et des artistes gays.

D’ailleurs, tout est possible dans le mélange gay et rap, les Etats-Unis ont maintenant leur marché de rap gay avec des artistes au talent contestable:

 

En France, les paroles des chansons de rap font régulièrement référence aux homosexuels qui sont considérés comme une menace. Selon ces chansons, la virilité masculine est une forteresse garante de la soumission de la gente féminine. Dans cette forteresse, il y a souvent une piscine où les femmes peuvent de baigner avant de se donner comme des esclaves à leurs bienfaiteurs armés jusqu’au dent, encore tout suant d’une course-poursuite avec les dragons de la police nationale. Le rap est finalement la forme la plus moderne de perpétuation de l’idéologie médiévale, sauf qu’au Moyen-âge, les femmes étaient plus libres, et les artistes étaient plus drôles et plus talentueux.

 

La plupart des gays se préoccupent peu des rappeurs. Pour une raison simple : ils n’écoutent pas de rap. Pourtant, les rappeurs sont devenus des faiseurs d’opinion qui disposent désormais de tribunes médiatiques à forte audience. La semaine dernière, Booba était célébré comme le poids lourd du Hip-Hop français par l’équipe du Grand Journal sur Canal +. Ali Baddou, dans son habituelle soumission intellectuelle, ne tarissait pas d’éloges tandis que Michel Denisot souriait comme un papi devant la jeunesse. A aucun moment, les propos homophobes de Booba n’ont été évoqué. Et pour cause, le rappeur avait pris ses précautions en soufflant le chaud et le froid depuis des années sur son rapport à l’homosexualité. Ses prises de position lui ont même valu d’être soupçonné d’homosexualité par les fans de rap sur Internet. Pour ces intégristes, gay = la teuhon, gay = dégueu, gay = à réprimer par lapidation. Et je cite un bloggeur évoquant le cas Booba : « il a joué sur la corde sensible d’un certain public qui aime se toucher en rêvant sur le degré de racaillerie d’un mec. » Bref, Booba, machine à vendre des disques, est capable de se faire détester à la fois par les gays et par les homophobes. Il en résulte un véritable galimatias.

On appréciera la maitrise de l’imagerie homosexuelle dans le répertoire de Booba :

Moins fins commerçants que Booba, les rappeurs français homophobes sont légions. Oreslan règne sur le marécage des blagues homophobes avec le soutien de Frédéric Lefebvre et de Frédéric Mitterrand qui allât même jusqu’à le comparer à Rimbaud en son temps (pitié!).

Sexion d’Assaut fait le buzz en parlant de l’homosexualité comme d’une « déviance » inacceptable et en se rétractant par la suite face aux blocus des collectivités refusant de les accueillir sur scène. Les membres du groupe de rap présentent leurs excuses en se dédouanant : ils ne connaissaient pas le sens du mot homophobie. Depuis, on leur a expliqué. Et peut-être se sont-ils rendus compte qu’ils étaient homophobes? Quand ils beuglent dans « On ta humilié » cet appel au meurtre des homos, est-ce qu’ils ne comprennent pas non plus ce qu’ils disent ?

Les paroles:

« Lointaine est l’époque où les homos se maquaient en scred.
Maintenant, se galochent en ville avec des sappes arc-en-ciel.
Mais vas-y bouge, vas-y bouge.
Toutes ces pratiques ne sont pas saines. (…)
Je crois qu’il est grand temps que les P.d périssent, coupe leur le pénis, laisse les morts, retrouvés sur le périphérique»

Boycotté par les radios musicales et par les cérémonies de remise de prix (MTV, NRJ, Victoires de la musique), le groupe continue de vendre des albums en surfant sur la polémique et la publicité accordée aux excuses publiques. Question : quand est-ce que les médias renverront ces groupes dans la marginalité? Quand est-ce que les maisons de disque arrêteront de se faire du blé avec ces minables? Est-ce que le rap français est condamné à l’obscurantisme?

 

La stratégie marketing coupe la tête au cliché homophobe de la dite sous-culture de banlieue (les ploucs quoi). La connerie s’auto-régule. Néanmoins, les dérives des groupes de rap reflètent de façon allégée un état d’esprit criminel et sanguinaire vis-à-vis des homosexuels dans certains quartiers névrosés (il suffit de lire les journaux des derniers mois relatant les persécutions subies par les gays dans ces zones). Loin de moi l’idée de remettre en cause leur liberté de dire ce qu’ils veulent : au risque de paraitre maso, je préfère presque certains artistes homophobes aux propos dérangeants, aux artistes gay-friendly  super-pouffiasses produisant des caricatures de l’homosexualité dans leurs clips afin de vendre des disques. Le problème ne vient pas des artistes mais de la misère intellectuelle qui règne dans les banlieues françaises.

 

 

21 octobre 2010 : Victoire de Briey, et mépris des médias.

14 Nov

Ce 21 octobre 2010, une décision du Tribunal de Briey (Meurthe-et-Moselle) a reconnu l’existence d’une « famille sociologique » et les droits du « parent social » à élever un enfant dont il n’est pas le parent biologique. Une nouvelle victoire dans la conquête des droits des familles homoparentales. Dans la presse, quelques bourdes qui révèlent un manque d’intérêt pour l’affaire : écrire sur les gays reviendrait-il à écrire sur les chiens écrasés?

Trois mois après le feu d’artifice du Tribunal d’Annecy, c’est du Nord de la France que la lueur est venue. Face au silence et au vide la loi sur le sujet, face à l’intolérance et au conservatisme du législateur, les juges ont commencé à retrousser leurs manches pour tenter de rétablir un équilibre juste entre parents hétérosexuels et parents homosexuels.

Aline et Fabienne avaient décidé d’avoir un enfant, elles avaient opté pour une insémination artificielle avec donneur en Belgique, elles avaient accueilli ensemble la naissance de Nathan en juin 2007. Mais voilà, la mère biologique est Fabienne. Et si lorsque le couple pacsé se sépare en 2008, les deux femmes décident à l’amiable d’une garde alternée, Fabienne revient sur sa décision en mars 2010 et retire sa garde à Aline.

« Aline, qui n’a pas de lien juridique avec l’enfant, n’a aucun droit : elle ne détient ni la filiation, ni l’autorité parentale. » (Le Monde, Mardi 9 novembre 2010).

Le tribunal de Briey vient d’accorder à Aline un droit de visite un weekend sur deux, un mercredi sur deux et la moitié des vacances scolaires en accédant à sa demande de verser une pension alimentaire de 100euros par mois pour l’entretien de Nathan. Pour montrer son engagement, Aline avait produit devant le Tribunal un dossier massif de pièces à conviction : faire-parts de naissance, photos de famille, surnoms affectueux….

Le Tribunal a déclaré dans une décision qui appartient désormais à la jurisprudence :

« Il s’est créé autour de l’enfant une famille sociologique dans le cadre de laquelle il a noué des rapports affectifs tant avec sa mère biologique qu’avec la compagne de celle-ci, que ce soit pendant la vie commune ou postérieurement, par la mises en oeuvre d’une résidence alternée. »

Encore une fois, on peut regretter que les médias traditionnels aient bâclé le sujet : leur indifférence va jusqu’à l’erreur. Alors que Le Monde indique sous la plume d’Anne Chemin que Nathan est né juin 2007 et que la décision de justice a été prise le 16 septembre 2010,  Le Parisien avance quant à lui la date du 11 juillet 2005 pour la naissance de Nathan et du 21 octobre 2010 pour la décision du Tribunal…