Je vous conseille la lecture d’un billet d\’humeur d\’un militant socialiste publié sur le site de la section PS Sciences-Po/Jean Zay.
Je vous conseille la lecture d’un billet d\’humeur d\’un militant socialiste publié sur le site de la section PS Sciences-Po/Jean Zay.
Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit, a publié fin janvier un article : « Le mariage homo, de quel droit? » sur causeur.fr, le site média conservateur de la journaliste Elisabeth Lévy. Madame Le Pourhiet est membre de l’AFDC, et elle est très remontée contre ces brigands d’homosexuels qui osent recourir au droit et aux mécanismes institutionnels. Dans un argumentaire assez flou, elle nous explique que les minorités ne sont pas légitimes à réclamer une protection juridique et elle établit des assimilations vertigineuses entre racisme, homophobie et…droit des animaux.
Le Pourhiet : Le mariage homo, de quel droit?
Dans la première partie de cet article, Anne-Marie Le Pourhiet ressasse ce que tout le monde sait déjà : la Constitution n’a rien à voir avec le mariage (à l’exception peut-être du PGD droit à une vie familiale normale, mais c’est une notion très obscure). D’où la relative bêtise des associations à activer le processus de QPC.
Elle pose ensuite la vraie question : faut-il inventer une autre union que le mariage pour les gays? Mais au lieu d’y répondre raisonnablement, elle se lance dans un explication étonnante où toutes les assimilations semblent possibles. Son argument est valable : le mariage est un concept hétérosexuel. Les homosexuels se ridiculisent à vouloir être comme ceux qu’ils ne sont pas : voir le fameux mariage parodique de Coluche et Le Luron. Elle oublie au passage que le mariage concerne un couple de citoyen propre à fonder une famille (ce qui est déjà incertain : on n’exclut pas les couples stériles du mariage) et que les homosexuels sont donc éligibles au mariage (l’adoption existe).
Le problème est bien là, dans les attributs de la citoyenneté. Peut-on être citoyen si l’on est banni du mariage? Madame Le Pourhiet ne saurait aller aussi loin car pour elle, l’homosexualité appartient à une création de son imaginaire, une sorte de marécage mythique très vaste où elle englobe tout »ce qui n’est tout simplement pas vraisemblable » : le rejet des minorités, la violence dont sont victimes les gays, la maltraitance des animaux, le désir de mourir dignement… Comme ces maux n’existent pas, il n’y a pas lieu de les combattre.
Mais ce déni ne tient plus au paragraphe suivant. En bonne juriste conservatrice, elle déplore le déclin de la loi qui s’est ouvert à la protection des minorités. Plutôt que d’y voir un progrès pour notre civilisation, Madame Le Pourhiet y découvre les racines de la pire décadence : comment vivre dans une société où l’on condamne l’insulte et la menace raciale et homophobe? Où est donc passée la liberté de parole qui permettait de dire et d’écrire les pires horreurs contre la dignité de certains en toute impunité? Selon elle, les excès de racisme sont certainement moins condamnables que les excès d’antiracisme, car selon la thèse partagée par Zemmour et cie, faire de l’antiracisme, c’est faire du racisme dans l’autre sens. Du mariage gay, on glisse vers une rhétorique anti-minorité bien huilée. Voici l’extrait de la fin de cet article redoutable :
La question fondamentale est donc celle du sens et de la fonction du droit dans une société. Sans doute le droit sait-il depuis longtemps créer des fictions dont l’adoption est l’exemple type, mais il s’efforce toujours de les rendre vraisemblables et de ne pas s’écarter de la réalité possible. Faut-il aller toujours plus loin dans l’artificialisme en satisfaisant toujours plus de revendications aberrantes au nom d’un prétendu « progrès » et de la reconnaissance de droits illimités ou refuser rationnellement l’institutionnalisation de ce qui n’est tout simplement pas vraisemblable ?
Dans un article du 3 juillet 2010 consacré aux passions de certains individus pour leurs animaux domestiques, le journal Marianne faisait part du mariage d’un individu humain de sexe masculin avec sa chatte prénommée Cécilia. L’on sait, en effet, que des juristes anglo-saxons s’interrogent sur les moyens de léguer un héritage à un animal tandis que le mouvement de l’écologie profonde réclame, derrière l’américain Peter Singer, la rédaction d’une Déclaration universelle des droits des grands singes. Le Traité de Lisbonne a amorcé un pas en ce sens en stipulant que « l’Union et les États-membres tiennent pleinement compte des exigences du bien-être des animaux en tant qu’êtres sensibles ». Il y a fort à parier que les militants de la libération animale ne s’arrêteront pas là, d’autant que certaines légendes racontent que les singes seraient capables d’élever, à défaut d’éduquer, un enfant humain.
Nul doute qu’après la décision du Conseil constitutionnel, les associations d’homosexuels reprendront leur harcèlement en direction du législateur, tout comme le lobby mortifère du « droit de mourir dans la dignité » qui reprend sans relâche sa « lutte » après chaque refus essuyé. Dans son livre intitulé Quand les minorités font la loi (« Les voies du droit », PUF, 2002), la juriste canadienne Andrée Lajoie a montré comment la tyrannie des minorités s’exerçait complémentairement dans les prétoires et les hémicycles. On s’en remet donc désormais au politique non sans avoir d’abord paradoxalement obtenu de celui-ci qu’il interdise le débat démocratique en incriminant pénalement les arguments adverses qualifiés de sexistes, homophobes, handiphobes ou autres. Le débat politique avec les « Khmers roses » (François Devoucoux de Buysson, éditions Blanche, 2003) a donc toutes les chances de se transformer en monologue agressif et sectaire.
L’argument final est classique. Les homosexuels participent à une grande conspiration totalitaire pour faire chuter la société tout entière à leur avantage. Quand on est gay, on sait que cette théorie est totalement fausse. Au contraire, si le mariage gay ne passe pas en France, c’est parce que la communauté homosexuelle (dont l’existence est déjà très hypothétique) est composée d’individus à la fois indécis et respectueux de certains principes (pour ne pas dire conservateur : voire tous ces gays contre le mariage et l’adoption). Par contre, il est inacceptable d’être implicitement comparé à des animaux. Madame Le Pourhiet semble se permettre cette analogie dégradante. Et on a envie de lui répondre : de quel droit? Celui d’insulter son prochain?
Pour mieux comprendre l’argumentaire de cette dame, voilà une vidéo d’un discours prononcé lors d’une audition à l’Assemblée nationale :
Contrairement à mon habitude, je vous copie ici un article de Matthieu Verrier dans Le Parisien sur la question des clivages politiques et générationnels suscités par les droits des homosexuels et par l’euthanasie. La comparaison entre les deux sujets de société me parait très juste. Ils renvoient en effet au même code moral, hérité de la doctrine chrétienne, sur lequel notre société continue de se gréer. C’est une entreprise titanesque qu’opère la modernité : donner une nouvelle interprétation à ce code moral qui cimente la société, donner un nouveau sens sans changer ses grands principes . Je vous suggère de noter avec beaucoup d’espoir la déclaration-stratégie d’évitement de Najat Belkacem : « Nous mettrons Nicolas Sarkozy face à ses engagements non tenus« . Le PS parle du mariage gay au futur alors qu’il serait temps d’en parler au présent…
Euthanasie, droits des homosexuels… Quelques voix à droite ou à gauche semblent faire sauter le clivage droite-gauche. A l’approche de la présidentielle, ces questions de société pourraient redessiner des lignes de division.
Les deux débats reviennent sur le devant de la scène politique. Le premier, sur le mariage homosexuel, est relancé par le biais du Conseil constitutionnel, qui doit se prononcer le 28 janvier sur la constitutionnalité de son interdiction. Le second, l’euthanasie, revient par une proposition de loi adoptée en commission au Sénat et qui sera examinée le 25 janvier. Dans les deux cas, les clivages se redessinent. Le dernier texte émane en effet d’une initiative commune de plusieurs sénateurs, allant des communistes à un élu UMP.
Un sénateur UMP signe la proposition de loi sur la légalisation de l’euthanasie, un socialiste, et non des moindres, Robert Badinter, s’y est souvent opposé. A droite, des personnalités comme Nadine Morano, ont tenu aussi des positions libérales sur les questions de société. Le clivage est-il plus générationnel que politique? « Ce sont surtout les plus jeunes qui sont favorables à ces avancées. Ils sont aussi moins sous l’emprise de l’Eglise« , estime Jean-Luc Romero. Le président de l’Association pour le droit à mourir dans la dignité a quitté les rangs de l’UMP et s’est rapproché du PS. Il voit des blocs non monolithiques, avec des libéraux à droite et des conservateurs à gauche.
Chez Gaylib, Emmanuel Blanc livre la même analyse. Le président de ce mouvement gay de l’UMP déplore « une majorité des députés UMP complètement rétrogrades, réactionnaires, déconnectés« . Il y aurait un « nouveau combat des anciens contre les modernes« . Les partisans de ces questions de société espèrent que le débat s’ouvrira et pèsera dans la campagne présidentielle. Valérie Létard aussi, qui a voté pour le 1er article de la proposition de loi au Sénat. La sénatrice Nouveau centre a ainsi exprimé son « souhait qu’on aborde ces questions éminemment complexes« , a-t-elle expliqué au JDD.fr.
Mais dans cette perspective, le clivage gauche-droite pourrait réapparaître. « Le clivage générationnel, j’y crois de moins en moins« , souligne Najat Vallaud-Belkacem, secrétaire nationale du PS aux questions de société. « Nous mettrons Nicolas Sarkozy face à ses engagements non tenus« , assure-t-elle, alors que le chef de l’Etat avait évoqué avant son élection la création d’une union civile pour les couples homosexuels. Les réticences de certains socialistes à aller plus loin après la mise en place du Pacs semblent appartenir au passé. La convention sur l’égalité réelle, adoptée en décembre dernier, a validé la proposition de l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples homosexuels. Le « droit à mourir dans la dignité » y est aussi inscrit. Contrairement à d’autres mesures, celles-ci n’ont pas créé de dissensions au moment de leur discussion.
La droite est généralement plus conservatrice, estimant que la législation actuelle convient. Le groupe UMP du Sénat a ainsi publié un communiqué pour dénoncer la proposition de loi sur l’euthanasie. « La campagne présidentielle va bloquer les choses« , prédit le député UMP André Wojciechowski. Il avait déposé une proposition de loi sur l’euthanasie et appelle à des évolutions sur les droits des homosexuels. « Le pape a mis du temps à accepter le préservatif, l’UMP ne doit pas mettre autant de temps à accepter des choses qui, de fait, existent« , plaide-t-il, exhortant ses collègues à sortir des ambiguïtés et de l’hypocrisie.
Si l’ambiguïté reflète « des vents contraires« , selon l’expression de Frédéric Dabi de l’Ifop, soufflant dans l’électorat de droite sur la question des droits des homosexuels, l’euthanasie efface dans l’opinion les divisions politiques et générationnels. « On est dans des choix personnels« , analyse le directeur du département Opinion de l’institut de sondages. La discrétion observée régulièrement par la droite pourrait alors se poursuivre, à moins que des initiatives de juges ou d’élus obligent les clivages à se découvrir.
Le Parisien, Matthieu Verrier, Mercredi 19 janvier 2011
Pour certaines religions éclairées, Dieu et le météo c’est un peu la même chose. Si bien que lorsqu’une catastrophe naturelle survient, on en cherche la cause dans la colère divine. Ce raisonnement archaïque qui conduisait les grecs de l’antiquité à faire des sacrifice au Dieu de la foudre, aurait dû disparaitre avec la découverte d’explications scientifiques aux phénomènes de la nature. Pourtant la théorie du bouc émissaire ne nous quitte jamais et désormais, ce sont les gays qui sont les nouvelles sorcières.
Lors du Tsunami, les responsables religieux avaient exhumé de leur délire mystique l’image d’une punition divine. Le Tsunami n’était rien d’autre qu’un châtiment contre le tourisme sexuel qui mine la Thaïlande depuis des années. L’ouragan Katrina avait aussi frappé la Nouvelle-Orléans à cause du carnaval qui s’y déroule et qui attire une forte fréquentation gay. Plus récemment la Philadelphia Church of God expliquait ainsi les inondations en Australie :
«Dieu a dit de cette nation rebelle qui accueille l’infâme défilé homosexuel de Mardi gras [à Sydney, ndlr.]: Leur vin est pire que celui de Sodome et des champs de Gomorrhe – à moi appartient la vengeance et la récompense car le jour de leur calamité est proche.»
Plus fort encore, Cindy Jacobs, une mégère illuminée incrimine les homosexuels et les rend responsable des mystérieuses chutes d’oiseaux aux E.U :
Allez Cindy, allons au bout du raisonnement, pourquoi ne pas bruler les homosexuels pour sauver les oiseaux ?
Avec le passage de Booba au Grand Journal de Canal+ la semaine dernière, on peut légitimement se demander pourquoi les médias continuent à donner une tribune au courant des rappeurs homophobes. « Business is business » comme ils disent…
Entre les rappeurs et les homosexuels, rien n’est gravé dans le marbre, tout dépend du porte-monnaie. Le rappeur blanc péroxydé Eminem -modèle marketing pour toute l’industrie du hip hop- qui faisait son fond de commerce des injures homophobes au début des années 2000, a récemment déclaré au New York Times qu’il avait changé d’opinion : «Tout ce que j’ai dit, c’est ce que je ressentais certainement à l’époque. Mais je pense que je me suis calmé un peu. J’ai un regard plus mature sur les choses.» Et on a envie de se pincer en le lisant : «Si deux personnes s’aiment, quel est le problème? Je pense que tout le monde devrait avoir la chance d’être aussi malheureux que les autres.»
Pour ceux qui auraient loupé la vague Eminem, on donnera juste un échantillon de sa grande période, lorsqu’il appelait au massacre. Ainsi dans la chanson « Marshall Mathers »:
« New Kids on the Block, sucked a lot of dick. Boy/girl groups make me sick. And I can’t wait ’til I catch all you faggots in public. I’ma love it.. (hahaha). Plus I was put here to put fear in faggots who spray Faygo Root Beer and call themselves « Clowns » cause they look queer Faggot2Dope and Silent Gay. « Slim Anus, » you damn right, Slim Anus. I don’t get fucked in mine like you two little flaming faggots!
En français :
Les News Kids on the block ont sucé beaucoup de bites. Les groupes de garçon/fille me rendent malade. Et j’en peux plus d’attendre le jour où je pourrai tous vous tabassés en public, sales pédales. J’aime ça… (hahaha) Plus j’ai été mis au monde pour térrifier les pédales. Et ils se font appeler « les Clowns » parcequ’ils ressemblent à des tantouzes Faggot2Dope et Silencieux Gay. »Petit anus » vous avez raison , Petit anus. Je ne me fait pas baisé comme vous deux sale trainée
Eminem, nouvel ami des gays? Surprenant mais vrai. C’est en tout cas le genre de merveilles que permettent les stratégies de promotion de disques. Plus on aime de gens, et plus on vend. Eminem n’avait jamais véritablement négligé le public gay. On se souvient de ses photos très racoleuses réalisées par le roi du racolage David LaChapelle où le rappeur posait dans le plus simple appareil, le regard hystérique, jouant avec un bâton de dynamite phallique.
On est en droit de penser que le public visé par cette photo n’est pas le troupeau des fans de rap misogynes et homophobes, appartenant généralement aux classes populaires, clients peu rentables pour les maisons de disque.
Je vous laisse comparer cette stratégie marketing avec celle des autres rappeurs, notamment français, dont l’exhibitionnisme permanent ne semble pas toujours destiné aux jeunes filles…
Le mythe du corps masculin est finalement le patrimoine culturel commun des rappeurs et des artistes gays.
D’ailleurs, tout est possible dans le mélange gay et rap, les Etats-Unis ont maintenant leur marché de rap gay avec des artistes au talent contestable:
En France, les paroles des chansons de rap font régulièrement référence aux homosexuels qui sont considérés comme une menace. Selon ces chansons, la virilité masculine est une forteresse garante de la soumission de la gente féminine. Dans cette forteresse, il y a souvent une piscine où les femmes peuvent de baigner avant de se donner comme des esclaves à leurs bienfaiteurs armés jusqu’au dent, encore tout suant d’une course-poursuite avec les dragons de la police nationale. Le rap est finalement la forme la plus moderne de perpétuation de l’idéologie médiévale, sauf qu’au Moyen-âge, les femmes étaient plus libres, et les artistes étaient plus drôles et plus talentueux.
La plupart des gays se préoccupent peu des rappeurs. Pour une raison simple : ils n’écoutent pas de rap. Pourtant, les rappeurs sont devenus des faiseurs d’opinion qui disposent désormais de tribunes médiatiques à forte audience. La semaine dernière, Booba était célébré comme le poids lourd du Hip-Hop français par l’équipe du Grand Journal sur Canal +. Ali Baddou, dans son habituelle soumission intellectuelle, ne tarissait pas d’éloges tandis que Michel Denisot souriait comme un papi devant la jeunesse. A aucun moment, les propos homophobes de Booba n’ont été évoqué. Et pour cause, le rappeur avait pris ses précautions en soufflant le chaud et le froid depuis des années sur son rapport à l’homosexualité. Ses prises de position lui ont même valu d’être soupçonné d’homosexualité par les fans de rap sur Internet. Pour ces intégristes, gay = la teuhon, gay = dégueu, gay = à réprimer par lapidation. Et je cite un bloggeur évoquant le cas Booba : « il a joué sur la corde sensible d’un certain public qui aime se toucher en rêvant sur le degré de racaillerie d’un mec. » Bref, Booba, machine à vendre des disques, est capable de se faire détester à la fois par les gays et par les homophobes. Il en résulte un véritable galimatias.
On appréciera la maitrise de l’imagerie homosexuelle dans le répertoire de Booba :
Moins fins commerçants que Booba, les rappeurs français homophobes sont légions. Oreslan règne sur le marécage des blagues homophobes avec le soutien de Frédéric Lefebvre et de Frédéric Mitterrand qui allât même jusqu’à le comparer à Rimbaud en son temps (pitié!).
Sexion d’Assaut fait le buzz en parlant de l’homosexualité comme d’une « déviance » inacceptable et en se rétractant par la suite face aux blocus des collectivités refusant de les accueillir sur scène. Les membres du groupe de rap présentent leurs excuses en se dédouanant : ils ne connaissaient pas le sens du mot homophobie. Depuis, on leur a expliqué. Et peut-être se sont-ils rendus compte qu’ils étaient homophobes? Quand ils beuglent dans « On ta humilié » cet appel au meurtre des homos, est-ce qu’ils ne comprennent pas non plus ce qu’ils disent ?
Les paroles:
« Lointaine est l’époque où les homos se maquaient en scred.
Maintenant, se galochent en ville avec des sappes arc-en-ciel.
Mais vas-y bouge, vas-y bouge.
Toutes ces pratiques ne sont pas saines. (…)
Je crois qu’il est grand temps que les P.d périssent, coupe leur le pénis, laisse les morts, retrouvés sur le périphérique»
Boycotté par les radios musicales et par les cérémonies de remise de prix (MTV, NRJ, Victoires de la musique), le groupe continue de vendre des albums en surfant sur la polémique et la publicité accordée aux excuses publiques. Question : quand est-ce que les médias renverront ces groupes dans la marginalité? Quand est-ce que les maisons de disque arrêteront de se faire du blé avec ces minables? Est-ce que le rap français est condamné à l’obscurantisme?
La stratégie marketing coupe la tête au cliché homophobe de la dite sous-culture de banlieue (les ploucs quoi). La connerie s’auto-régule. Néanmoins, les dérives des groupes de rap reflètent de façon allégée un état d’esprit criminel et sanguinaire vis-à-vis des homosexuels dans certains quartiers névrosés (il suffit de lire les journaux des derniers mois relatant les persécutions subies par les gays dans ces zones). Loin de moi l’idée de remettre en cause leur liberté de dire ce qu’ils veulent : au risque de paraitre maso, je préfère presque certains artistes homophobes aux propos dérangeants, aux artistes gay-friendly super-pouffiasses produisant des caricatures de l’homosexualité dans leurs clips afin de vendre des disques. Le problème ne vient pas des artistes mais de la misère intellectuelle qui règne dans les banlieues françaises.
La Cour de cassation a validé la question prioritaire de constitutionnalité portant sur le mariage des personnes de même sexes. Le Conseil constitutionnel devra donc rendre une décision dans un délais de 3 mois. Que peut-on espérer?
D’après l’article du Monde, la Cour de cassation a saisi mardi 16 novembre le Conseil constitutionnel sur la question du mariage homosexuel, aujourd’hui interdit en France, au contraire d’une bonne partie des autres pays européens. Le 24 août, le tribunal de grande instance de Reims avait transmis à la Cour de cassation une question prioritaire de constitutionnalité concernant les articles 75 et 144 du Code civil, qui interdisent le mariage entre personnes de même sexe. Cet instrument permet au justiciable français de contester la constitutionnalité d’une disposition législative lors d’une instance en cours, lorsqu’il estime que ce texte porte atteinte aux droits et libertés que la Constitution garantit.
Pour les demandeurs, les articles 75 et 144 sont effectivement anticonstitutionnels en ce qu’ils « limitent la liberté individuelle d’un citoyen français de contracter mariage avec une personne du même sexe ». Dans un arrêt rendu mardi, la première chambre civile de la Cour de cassation a estimé que cette question était « nouvelle » et « sérieuse », le mariage homosexuel faisant « aujourd’hui l’objet d’un large débat dans la société, en raison, notamment, de l’évolution des mœurs et de la reconnaissance du mariage entre personnes de même sexe dans les législations de plusieurs pays étrangers ».
« UNE TRÈS BONNE NOUVELLE »
Elle a donc décidé de saisir le Conseil constitutionnel, à qui il reviendra de trancher. « Cette décision de la Cour de cassation est une bonne nouvelle pour les trois millions de lesbiennes et de gays qui ne peuvent se marier », s’est réjouie l’avocate Caroline Mecary, qui a défendu de nombreux dossiers de ce type. « Bientôt peut-être, espère-t-elle, la France respectera le principe d’égalité de traitement, en ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe, comme l’ont déjà fait près de huit pays européens. » Les Pays-Bas, la Belgique, l’Espagne, la Norvège, la Suède, le Portugal, l’Islande, et le Royaume-Uni sont dans cette situation.
Le porte-parole de l’interassociative lesbienne, gaie, bi et trans (Inter-LGBT), Nicolas Gougain, est tout aussi satisfait de l’arrêt. « Déjà saisi d’une question sur l’homoparentalité, le Conseil constitutionnel s’était déclaré incompétent et avait renvoyé le problème aux législateurs. Là, il va sans doute à nouveau renvoyer aux législateurs la responsabilité de définir ce qu’est un mariage », a déclaré M. Gougain, ajoutant que « pour nous, le vrai progrès sera le vote d’un texte législatif ».
En cas d’adoption, l’autorité parentale est réservée aux couples mariés, avait rappelé le 6 octobre le Conseil constitutionnel, mais en refusant de dire si l’exclusion de fait des couples homosexuels constituait « un traitement discriminatoire ». Le porte-parole de l’association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL), Philippe Rollandin, estime que la décision de mardi de la Cour de cassation illustre « les tiraillements de la société réelle, qui constate l’évolution des mœurs et la société légale ». « Il y a peu de chance que le Conseil constitutionnel valide le mariage homosexuel, mais cette décision est un nouveau coup de boutoir contre la forteresse législative discriminant l’homosexualité », a dit M. Rollandin.
Saluant un « pas supplémentaire sur le chemin de l’égalité des droits », le Collectif contre l’homophobie estime aussi que cette décision « témoigne de l’actualité de cette revendication et du retard de la France » par rapport à ses voisins.
Actuellement la France interdit le mariage homosexuel, mais permet à deux personnes, quel que soit leur sexe, de contracter un pacte civil et de solidarité (PACS)
Rappelons que le Conseil constitutionnel avait déjà été interrogé sur l’adoption par les couples homosexuels cet été, et qu’il avait évité de dire NON en renvoyant la compétence sur le sujet au législateur. Peut-être s’en tiendra-t-il à nouveau à cette jurisprudence? (ce qui serait désastreux).
Quelle stratégie adopter face à cet évènement? Doit-on lancer le débat public? Une manifestation de soutien? Ou rester discret?
Une chose est sûre, les Sages du Conseil sont issus d’une génération qui n’est pas connu pour son grand attachement aux droits des homosexuels.
Avis aux amateurs de chasse à l’homme. Il n’y aura pas de Terminator II : Christine Boutin ne revient pas au gouvernement. Cependant, après le remaniement du 14 novembre, les gays-friendly se font rares dans les ministères. Si le mouvement gay de l’UMP Gaylib’ a un peu de bon goût, il n’a sans doute pas apprécié le casting. Avec une droitisation marquée, les droits des homosexuels ne seront certainement pas au programme du nouveau gouvernement. Petit tour d’horizon.
Nadine Morano – la seule favorable au mariage gay (l’univers idéologique de Nadine Morano défie tout esprit de système je vous l’accorde) – est éloignée du Secrétariat d’Etat à la Famille : il paraît que ses positionnements médiatiques en faveur du droit des homosexuels ne plaisaient pas aux membres de la majorité. Tiens toi le pour dit, Nadine, il ne fait pas bon parler des gays à la télé.
Roselyne Bachelot – notre pro-PACS de la droite – obtient un ministère surgit des bisounours dont on peine à distinguer la mission pour l’instant. Grâce à sa proximité avec Fillon, elle reste au gouvernement malgré sa responsabilité médiatique dans l’affaire de la Grippe A.
Jeannette Bougrab – présidente langoureuse de la HALDE – a déclaré publiquement son soutien au mariage gay et à l’adoption par les couples homosexuels. Problème : son départ de la HALDE n’augure-t-il pas d’une tentative de dissolution de cette institution très protectrice pour les gays? (un projet en cours voudrait la fondre dans les prérogatives du Défenseur des droits).
Chantal Jouano est nommée ministre des sports. Lors de la passation de pouvoir avec Rama Yade, elle n’hésite pas à mettre la lutte contre l’homophobie au premier plan. « Derrière la question du sport, il y a aussi la question de l’homophobie » a-t-elle dit pour rendre hommage à l’action de Rama Yade dans le domaine (personne n’était au courant mais si elle le dit…) Son soutien aux droits des homosexuels ne devrait pas beaucoup peser dans la politique du gouvernement surtout si elle continue à puiser ses looks dans Star Wars.
Frédéric Mitterrand est reconduit au Ministère de la Culture et de la Communication mais, bien qu’homosexuel, son engagement idéologique sur l’homosexualité est, comme souvent, proche du néant et de la compromission. Ne soyons pas trop exigeant : c’est déjà mieux que Christine Albanel, la coquille Saint-Jacques qui nous chie dessus avec le sourire :
Rama Yade et Hervé Morin -deux partisans du mariage- sont éjectés. La candidature potentielle d’Hervé Morin à l’élection présidentielle de 2012 sous l’étiquette Nouveau centre pourrait mettre le débat sur la place publique (mais il sera peut-être discret sur la question pour ne pas heurter la délicatesse intégriste de certains membres de son parti).
Quant aux autres, il est difficile de leur attribuer des propos clairs sur la question. On sait qu’Alain Juppé a favorisé la création des mouvement gays au sein de la droite. On sait que Nathalie Kosciusko-Morizet est plutôt gay-friendly. On sait que Valérie Pécresse est toute fière de la campagne anti-homophobie menée depuis son ministère des études supérieures (c’est le seul point dans la case positif de son bilan d’ailleurs).
Mais on sait aussi que Luc Châtel en tant que porte-parole du gouvernement et Ministre de l’Education nationale, avait été le premier à affirmer son désaccord avec la diffusion du dessin-animé « Le baiser de la Lune » en primaire, et qu’il avait déclaré en 2009 à l’issue d’un Conseil des ministres : « Je veux d’abord vous rappeler que le gouvernement a eu l’occasion de dire à plusieurs reprises – le président de la République lui-même s’est exprimé sur le sujet – que nous n’étions pas favorables à l’adoption d’enfants par les couples homosexuels«
Avec un tel gouvernement, et avec un Garde des Sceaux, Michel Mercier, chevalier du Saint-Sépulcre, on peut s’attendre à un nouveau No Man’s land jusqu’en 2012 dans la conquête laborieuse et courageuse des droits des homosexuels.
Ce 21 octobre 2010, une décision du Tribunal de Briey (Meurthe-et-Moselle) a reconnu l’existence d’une « famille sociologique » et les droits du « parent social » à élever un enfant dont il n’est pas le parent biologique. Une nouvelle victoire dans la conquête des droits des familles homoparentales. Dans la presse, quelques bourdes qui révèlent un manque d’intérêt pour l’affaire : écrire sur les gays reviendrait-il à écrire sur les chiens écrasés?
Trois mois après le feu d’artifice du Tribunal d’Annecy, c’est du Nord de la France que la lueur est venue. Face au silence et au vide la loi sur le sujet, face à l’intolérance et au conservatisme du législateur, les juges ont commencé à retrousser leurs manches pour tenter de rétablir un équilibre juste entre parents hétérosexuels et parents homosexuels.
Aline et Fabienne avaient décidé d’avoir un enfant, elles avaient opté pour une insémination artificielle avec donneur en Belgique, elles avaient accueilli ensemble la naissance de Nathan en juin 2007. Mais voilà, la mère biologique est Fabienne. Et si lorsque le couple pacsé se sépare en 2008, les deux femmes décident à l’amiable d’une garde alternée, Fabienne revient sur sa décision en mars 2010 et retire sa garde à Aline.
« Aline, qui n’a pas de lien juridique avec l’enfant, n’a aucun droit : elle ne détient ni la filiation, ni l’autorité parentale. » (Le Monde, Mardi 9 novembre 2010).
Le tribunal de Briey vient d’accorder à Aline un droit de visite un weekend sur deux, un mercredi sur deux et la moitié des vacances scolaires en accédant à sa demande de verser une pension alimentaire de 100euros par mois pour l’entretien de Nathan. Pour montrer son engagement, Aline avait produit devant le Tribunal un dossier massif de pièces à conviction : faire-parts de naissance, photos de famille, surnoms affectueux….
Le Tribunal a déclaré dans une décision qui appartient désormais à la jurisprudence :
« Il s’est créé autour de l’enfant une famille sociologique dans le cadre de laquelle il a noué des rapports affectifs tant avec sa mère biologique qu’avec la compagne de celle-ci, que ce soit pendant la vie commune ou postérieurement, par la mises en oeuvre d’une résidence alternée. »
Encore une fois, on peut regretter que les médias traditionnels aient bâclé le sujet : leur indifférence va jusqu’à l’erreur. Alors que Le Monde indique sous la plume d’Anne Chemin que Nathan est né juin 2007 et que la décision de justice a été prise le 16 septembre 2010, Le Parisien avance quant à lui la date du 11 juillet 2005 pour la naissance de Nathan et du 21 octobre 2010 pour la décision du Tribunal…