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Anne-Marie Le Pourhiet vous informe de vos droits.

5 Fév

Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit, a publié fin janvier un article  : « Le mariage homo, de quel droit? » sur causeur.fr, le site média conservateur de la journaliste Elisabeth Lévy. Madame Le Pourhiet est membre de l’AFDC, et elle est très remontée contre ces brigands d’homosexuels qui osent recourir au droit et aux mécanismes institutionnels. Dans un argumentaire assez flou, elle nous explique que les minorités ne sont pas légitimes à réclamer une protection juridique et elle établit des assimilations vertigineuses entre racisme, homophobie et…droit des animaux.

Le Pourhiet : Le mariage homo, de quel droit?

Dans la première partie de cet article, Anne-Marie Le Pourhiet ressasse ce que tout le monde sait déjà : la Constitution n’a rien à voir avec le mariage (à l’exception peut-être du PGD droit à une vie familiale normale, mais c’est une notion très obscure). D’où la relative bêtise des associations à activer le processus de QPC.

Elle pose ensuite la vraie question : faut-il inventer une autre union que le mariage pour les gays? Mais au lieu d’y répondre raisonnablement, elle se lance dans un explication étonnante où toutes les assimilations semblent possibles. Son argument est valable : le mariage est un concept hétérosexuel. Les homosexuels se ridiculisent à vouloir être comme ceux qu’ils ne sont pas : voir le fameux mariage parodique de Coluche et Le Luron. Elle oublie au passage que le mariage concerne un couple de citoyen propre à fonder une famille (ce qui est déjà incertain : on n’exclut pas les couples stériles du mariage) et que les homosexuels sont donc éligibles au mariage (l’adoption existe).

Le problème est bien là, dans les attributs de la citoyenneté. Peut-on être citoyen si l’on est banni du mariage? Madame Le Pourhiet ne saurait aller aussi loin car pour elle, l’homosexualité appartient à une création de son imaginaire, une sorte de marécage mythique très vaste où elle englobe tout »ce qui n’est tout simplement pas vraisemblable » : le rejet des minorités, la violence dont sont victimes les gays, la maltraitance des animaux, le désir de mourir dignement… Comme ces maux n’existent pas, il n’y a pas lieu de les combattre.

Mais ce déni ne tient plus au paragraphe suivant. En bonne juriste conservatrice, elle déplore le déclin de la loi qui s’est ouvert à la protection des minorités. Plutôt que d’y voir un progrès pour notre civilisation, Madame Le Pourhiet y découvre les racines de la pire décadence : comment vivre dans une société où l’on condamne l’insulte et la menace raciale et homophobe? Où est donc passée la liberté de parole qui permettait de dire et d’écrire les pires horreurs contre la dignité de certains en toute impunité? Selon elle, les excès de racisme sont certainement moins condamnables que les excès d’antiracisme, car selon la thèse partagée par Zemmour et cie, faire de l’antiracisme, c’est faire du racisme dans l’autre sens. Du mariage gay, on glisse vers une rhétorique anti-minorité bien huilée. Voici l’extrait de la fin de cet article redoutable :

 

La question fondamentale est donc celle du sens et de la fonction du droit dans une société. Sans doute le droit sait-il depuis longtemps créer des fictions dont l’adoption est l’exemple type, mais il s’efforce toujours de les rendre vraisemblables et de ne pas s’écarter de la réalité possible. Faut-il aller toujours plus loin dans l’artificialisme en satisfaisant toujours plus de revendications aberrantes au nom d’un prétendu « progrès » et de la reconnaissance de droits illimités ou refuser rationnellement l’institutionnalisation de ce qui n’est tout simplement pas vraisemblable ?

Dans un article du 3 juillet 2010 consacré aux passions de certains individus pour leurs animaux domestiques, le journal Marianne faisait part du mariage d’un individu humain de sexe masculin avec sa chatte prénommée Cécilia. L’on sait, en effet, que des juristes anglo-saxons s’interrogent sur les moyens de léguer un héritage à un animal tandis que le mouvement de l’écologie profonde réclame, derrière l’américain Peter Singer, la rédaction d’une Déclaration universelle des droits des grands singes. Le Traité de Lisbonne a amorcé un pas en ce sens en stipulant que « l’Union et les États-membres tiennent pleinement compte des exigences du bien-être des animaux en tant qu’êtres sensibles ». Il y a fort à parier que les militants de la libération animale ne s’arrêteront pas là, d’autant que certaines légendes racontent que les singes seraient capables d’élever, à défaut d’éduquer, un enfant humain.

Nul doute qu’après la décision du Conseil constitutionnel, les associations d’homosexuels reprendront leur harcèlement en direction du législateur, tout comme le lobby mortifère du « droit de mourir dans la dignité » qui reprend sans relâche sa « lutte » après chaque refus essuyé. Dans son livre intitulé Quand les minorités font la loi (« Les voies du droit », PUF, 2002), la juriste canadienne Andrée Lajoie a montré comment la tyrannie des minorités s’exerçait complémentairement dans les prétoires et les hémicycles. On s’en remet donc désormais au politique non sans avoir d’abord paradoxalement obtenu de celui-ci qu’il interdise le débat démocratique en incriminant pénalement les arguments adverses qualifiés de sexistes, homophobes, handiphobes ou autres. Le débat politique avec les « Khmers roses » (François Devoucoux de Buysson, éditions Blanche, 2003) a donc toutes les chances de se transformer en monologue agressif et sectaire.

 

L’argument final est classique. Les homosexuels participent à une grande conspiration totalitaire pour faire chuter la société tout entière à leur avantage. Quand on est gay, on sait que cette théorie est totalement fausse. Au contraire, si le mariage gay ne passe pas en France, c’est parce que la communauté homosexuelle (dont l’existence est déjà très hypothétique) est composée d’individus à la fois indécis et respectueux de certains principes (pour ne pas dire conservateur  : voire tous ces gays contre le mariage et l’adoption). Par contre, il est inacceptable d’être implicitement comparé à des animaux. Madame Le Pourhiet semble se permettre cette analogie dégradante. Et on a envie de lui répondre : de quel droit? Celui d’insulter son prochain?

 

Pour mieux comprendre l’argumentaire de cette dame, voilà une vidéo d’un discours prononcé lors d’une audition à l’Assemblée nationale :

Sismondi Barlev Bidjocka, la révélation homophobe de l’année.

10 Jan

Le porte-parole de la jeunesse camerounaise, Sismondi Barlev Bidjocka critique la subvention accordée par l’Union européenne à la FCFA l’association d’Alice Nkom. Son désir : guérir « la gangrène de l’homosexualité. »

Sismondi Barlev Bidjock étonne. Voilà un homophobe tonitruant qui est capable d’écrire apologie et lettre affectueuse à un autre homme, Samuel Eto’o, footballeur sexy en diable.

 

Auteur de Samuel Eto’o, une légende au présent (quel titre ! voilà une plume qui sait doser ses effets), publié chez L’Harmattan, Sismondi Barlev Bidjock adressait ainsi à son héros une lettre pleine de minauderies infantiles :

LA LETTTRE QUE J’AI ENVOYEE A SAMUEL ETO’O A GAROUA

Mon très cher Samuel

En 2009, paraissait au éditions l’harmattan mon livre intitulé « Samuel Eto’o une légende au présent« . Cette initiative intervenait dans un contexte où ton image était des plus catastrophiques dans l’opinion publique nationale et internationale; et donc malgré ton talent, tes prouesses, tes exploits, la grande partie de cette opinion ne t’appréciait pas du tout. Pour certains, tu es orgueilleux, brutal, agressif, pas humble, et pour d’autres, tu manques d’éducation, et les médias occidentaux en profitaient justement pour te régler ton compte, en rajoutant une couche…

Dans un tel contexte, je me suis dis, voilà un garçon qui par son talent représente mon pays le Cameroun à l’image, et cette image est sur le moment trainée dans la boue. C’est surtout par patriotisme pour sauver cette image, que je me suis décidé d’écrire Samuel Eto’o une légende au présent, une biographie non autorisée qui se veut en tous points patriotique.

J’ai proposé dans un premier temps la rédaction de la préface à Son excellence Albert Roger Milla que j’ai rencontré avec l’aide de Bonny Philippe (à l’époque tu ne l’avais pas encore «boxé») mais Roger Milla nous a posé comme condition qu’on supprime le mot « légende » au titre. Nous sommes en 2006 au centre de tennis de l’hôtel de ville.

Je refuse et je propose la rédaction de la préface à Abega Théophile, l’ancien capitaine des Lions et ballon d’or africain qui accepte et contribue à redonner une autre dimension à ton image, et surtout au Cameroun que tu incarnes.

L’ouvrage est très apprécié par les lecteurs au Cameroun, en Afrique francophone et en France.

En Janvier 2010, au Hilton Hôtel à la veille de la CAN, lors d’une cérémonie PUB de Guinness, je te présente le livre et je t’offre 20 exemplaires à toi et à certains de tes coéquipiers. La presse est présente: Bouba Ngomna, Ernest Obama, Joseph Valérie Fotso (qui nous prend en photo) … et tout à ton euphorie tu annonces que tu offres 2500 exemplaires à tes fans, et tu me demandes de les distribuer et que nous règlerons plus tard (6.000 FCFA /l’ex). Nous nous séparons devant les ascenseurs.

Depuis j’essaye de rentrer dans mes frais en vain. Après la CAN qui s’est mal passée, on ne s’est pas revu, et à la veille de la coupe du monde tu m’as envoyé ton avocat qui m’a d’abord dit que c’était trop cher payé et que je devais réduire.

Après la coupe du Monde, tu me l’as de nouveau envoyé, et il est venu me dire que je n’avais pas l’autorisation d’écrire. (je précise qu’il s’agit d’une biographie non autorisée comme ça se fait partout en écriture) je précise qu’il ne s’agit pas de frais pour l’écriture, mais d’une commande. Je ne pouvais pas tout de même te demander de me signer des papiers ! Je t’ai fait confiance.

En septembre 2010, profitant de mon stage à l’école de journalisme de Lille en France, je me suis rendu à Milan où j’ai passé 48h et tu ne m’as pas reçu.

J’ai appelé un de tes proches à Paris, Essomé qui a promis de t’en parler et m’a demandé de le rappeler de passage à Paris.

Mais entre-temps il s’est passé quelque chose de terrible que je n’attendais pas de toi. Ton conseiller m’a dit au téléphone que tu ne veux pas parce que tu t’es rendu compte que je suis journaliste dans une Radio qui t’a toujours villipendé, trainé dans la boue, et que tu comptes me prouver ce que tu nous a toujours dit, à savoir que nous ne sommes que des minables que tu peux payer pendant des siècles. Je m’attendais à tout sauf à celle-là.

Et puisque nous n’avons pas signé de papier, je t’assure, je ne porterai pas plainte (même si j’en avais) ce serait renier tout le patriotisme que j’ai exprimé dans cet ouvrage. Je tire la Chasse.

J’ai écrit pour le Cameroun.

J’ai dépensé tout l’argent destiné à mon opération là-dessus et tu me fais dire que c’est parce que je travaille dans une radio qui t’a massacré !! J’aurai préféré que tu ne dises rien. C’est une humiliation pour moi, et Rien ne vaut qu’on humilie un Homme, rien. Même si tu me donnais aujourd’hui le triple, je ne l’accepterais pas, pour te montrer que ce n’est pas pour toi que je l’ai fait, mais par patriotisme pour mon pays, toute ma fierté de voir le drapeau du Cameroun sur tes épaules en mondovision après les finales de ligue des champions.

Sismondi Barlev BIDJOCKA
Journaliste,
Radio Tiemeni Siantou,
90.5 FM Yaoundé

Samuel Eto'o, très gay-friendly dans Vanity Fair, le deuxième en partant de la droite.

Dans cette lettre, on apprend que le fameux journaliste a effectué en septembre 2010 un stage à l’école de journalisme de Lille. Réputée comme une des meilleures de France, l’ESJ ne pourra que regretter d’avoir accueilli un tel individu. Voici le communiqué puant, publié en janvier 2011 par Sismondi Barlev Bidjock :

«  L’un des principes fondamentaux de la diplomatie consiste à respecter la loi du pays qui vous accrédite. En accordant un financement de deux cent millions de FCFA  à une association qui milite pour l’homosexualité, L’union européenne piétine de fait la souveraineté du Cameroun. L’union européenne vient  d’accorder un financement de 300.000 euros à l’association illégale de Madame Alice Nkom.  L’article 347 bis du code pénal Camerounais réprime depuis 1972 les actes d’homosexualité. Le gouvernement Camerounais peut-il se permettre de financer une association française qui fait la promotion du mariage polygamique en France.

L’association de Madame Alice Nkom qui défend les homosexuels au Cameroun exerce en toute illégalité, sous la connivence passive des autorités, pourtant la loi est claire.

L’UNION EUROPEENNE ET ELECAM

En pleine année électorale, ELECAM recevra deux millions d’euros de l’UE pour les élections, et le débat sur l’homosexualité qui ressurgit suscite des interrogations quant à une certaine influence lié au conditionnement homosexuel entre autre. Les autorités camerounaises devraient intercepter ces financements illégaux qui constituent de fait une ingérence gravissime dans la souveraineté du Cameroun. Contactée hier , la cellule de communication de la représentation diplomatique européenne à Yaoundé souligne que chez eux,  c’est une affaire de droit de l’homme ; mais seulement voilà , on n’est pas chez eux  au Cameroun, sauf si nous devenons déjà la cote d’ivoire de la « communauté internationale »

Je rappelle qu’en début d’année scolaire le rassemblement de la jeunesse Camerounaise a mené une campagne de sensibilisation dans les lycées et collèges contre la gangrène de l’homosexualité. »

© Correspondance : SISMONDI BARLEV BIDJOCKA, Journaliste, Porte-parole de la jeunesse Camerounaise

 

Alors que dans tous les pays d’émancipation, les droits des homosexuels ont été un combat mené par la jeunesse, il est déplorable d’imaginer que la pseudo-jeunesse camerounaise puisse se reconnaitre dans un tel discours. Le rédacteur oublie que le principe des droits de l’homme est justement d’effacer les particularités obscurantistes des pays pour fonder un ensemble de droits partagé par tous les êtres humains. Peut-être devrait-il connaitre le sens des concepts juridiques qu’il balance. Il est aussi incroyable de constater l’assimilation amère faite entre  l’Union européenne et la France. Là où il y a décision de l’UE, il y a forcément ingérence française. Quel raccourci haineux ! Autre assimilation délirante : l’homosexualité et la polygamie. Après tout, la soumission des femmes à un modèle qui diminue leurs droits, c’est quand même mieux qu’un couple homosexuel qui réclame d’exister.


Merci à l’Union européenne de soutenir cette association et de défendre les droits de ceux qui sont réduits au silence par une oppression haineuse et caricaturale. Quid de L’Harmattan, est ce qu’une maison d’édition peut se permettre de salir sa réputation pour une pauvre brochure délirante sur le football?


 

 


Ces rappeurs qui vous invitent à casser du pédé…

29 Nov

Avec le passage de Booba au Grand Journal de Canal+ la semaine dernière, on peut légitimement se demander pourquoi les médias continuent à donner une tribune au courant des rappeurs homophobes. « Business is business » comme ils disent…


Entre les rappeurs et les homosexuels, rien n’est gravé dans le marbre, tout dépend du porte-monnaie. Le rappeur blanc péroxydé Eminem -modèle marketing pour toute l’industrie du hip hop- qui faisait son fond de commerce des injures homophobes au début des années 2000, a  récemment déclaré au New York Times qu’il avait changé d’opinion : «Tout ce que j’ai dit, c’est ce que je ressentais certainement à l’époque. Mais je pense que je me suis calmé un peu. J’ai un regard plus mature sur les choses.» Et on a envie de se pincer en le lisant : «Si deux personnes s’aiment, quel est le problème? Je pense que tout le monde devrait avoir la chance d’être aussi malheureux que les autres.»

Pour ceux qui auraient loupé la vague Eminem, on donnera juste un échantillon de sa grande période, lorsqu’il appelait au massacre. Ainsi dans la chanson « Marshall Mathers »:

« New Kids on the Block, sucked a lot of dick. Boy/girl groups make me sick. And I can’t wait ’til I catch all you faggots in public. I’ma love it.. (hahaha). Plus I was put here to put fear in faggots who spray Faygo Root Beer and call themselves « Clowns » cause they look queer Faggot2Dope and Silent Gay. « Slim Anus, » you damn right, Slim Anus. I don’t get fucked in mine like you two little flaming faggots!

En français :

Les News Kids on the block ont sucé beaucoup de bites. Les groupes de garçon/fille me rendent malade. Et j’en peux plus d’attendre le jour où je pourrai tous vous tabassés en public, sales pédales. J’aime ça… (hahaha) Plus j’ai été mis au monde pour térrifier les pédales. Et ils se font appeler « les Clowns » parcequ’ils ressemblent à des tantouzes Faggot2Dope et Silencieux Gay. »Petit anus » vous avez raison , Petit anus. Je ne me fait pas baisé comme vous deux sale trainée

Eminem, nouvel ami des gays? Surprenant mais vrai. C’est en tout cas le genre de merveilles que permettent les stratégies de promotion de disques. Plus on aime de gens, et plus on vend. Eminem n’avait jamais véritablement négligé le public gay. On se souvient de ses photos très racoleuses réalisées par le roi du racolage David LaChapelle où le rappeur posait dans le plus simple appareil, le regard hystérique, jouant avec un bâton de dynamite phallique.

On est en droit de penser que le public visé par cette photo n’est pas le troupeau des fans de rap misogynes et homophobes, appartenant généralement aux classes populaires, clients peu rentables pour les maisons de disque.

Je vous laisse comparer cette stratégie marketing avec celle des autres rappeurs, notamment français, dont l’exhibitionnisme permanent ne semble pas toujours destiné aux jeunes filles…

Le mythe du corps masculin est finalement le patrimoine culturel commun des rappeurs et des artistes gays.

D’ailleurs, tout est possible dans le mélange gay et rap, les Etats-Unis ont maintenant leur marché de rap gay avec des artistes au talent contestable:

 

En France, les paroles des chansons de rap font régulièrement référence aux homosexuels qui sont considérés comme une menace. Selon ces chansons, la virilité masculine est une forteresse garante de la soumission de la gente féminine. Dans cette forteresse, il y a souvent une piscine où les femmes peuvent de baigner avant de se donner comme des esclaves à leurs bienfaiteurs armés jusqu’au dent, encore tout suant d’une course-poursuite avec les dragons de la police nationale. Le rap est finalement la forme la plus moderne de perpétuation de l’idéologie médiévale, sauf qu’au Moyen-âge, les femmes étaient plus libres, et les artistes étaient plus drôles et plus talentueux.

 

La plupart des gays se préoccupent peu des rappeurs. Pour une raison simple : ils n’écoutent pas de rap. Pourtant, les rappeurs sont devenus des faiseurs d’opinion qui disposent désormais de tribunes médiatiques à forte audience. La semaine dernière, Booba était célébré comme le poids lourd du Hip-Hop français par l’équipe du Grand Journal sur Canal +. Ali Baddou, dans son habituelle soumission intellectuelle, ne tarissait pas d’éloges tandis que Michel Denisot souriait comme un papi devant la jeunesse. A aucun moment, les propos homophobes de Booba n’ont été évoqué. Et pour cause, le rappeur avait pris ses précautions en soufflant le chaud et le froid depuis des années sur son rapport à l’homosexualité. Ses prises de position lui ont même valu d’être soupçonné d’homosexualité par les fans de rap sur Internet. Pour ces intégristes, gay = la teuhon, gay = dégueu, gay = à réprimer par lapidation. Et je cite un bloggeur évoquant le cas Booba : « il a joué sur la corde sensible d’un certain public qui aime se toucher en rêvant sur le degré de racaillerie d’un mec. » Bref, Booba, machine à vendre des disques, est capable de se faire détester à la fois par les gays et par les homophobes. Il en résulte un véritable galimatias.

On appréciera la maitrise de l’imagerie homosexuelle dans le répertoire de Booba :

Moins fins commerçants que Booba, les rappeurs français homophobes sont légions. Oreslan règne sur le marécage des blagues homophobes avec le soutien de Frédéric Lefebvre et de Frédéric Mitterrand qui allât même jusqu’à le comparer à Rimbaud en son temps (pitié!).

Sexion d’Assaut fait le buzz en parlant de l’homosexualité comme d’une « déviance » inacceptable et en se rétractant par la suite face aux blocus des collectivités refusant de les accueillir sur scène. Les membres du groupe de rap présentent leurs excuses en se dédouanant : ils ne connaissaient pas le sens du mot homophobie. Depuis, on leur a expliqué. Et peut-être se sont-ils rendus compte qu’ils étaient homophobes? Quand ils beuglent dans « On ta humilié » cet appel au meurtre des homos, est-ce qu’ils ne comprennent pas non plus ce qu’ils disent ?

Les paroles:

« Lointaine est l’époque où les homos se maquaient en scred.
Maintenant, se galochent en ville avec des sappes arc-en-ciel.
Mais vas-y bouge, vas-y bouge.
Toutes ces pratiques ne sont pas saines. (…)
Je crois qu’il est grand temps que les P.d périssent, coupe leur le pénis, laisse les morts, retrouvés sur le périphérique»

Boycotté par les radios musicales et par les cérémonies de remise de prix (MTV, NRJ, Victoires de la musique), le groupe continue de vendre des albums en surfant sur la polémique et la publicité accordée aux excuses publiques. Question : quand est-ce que les médias renverront ces groupes dans la marginalité? Quand est-ce que les maisons de disque arrêteront de se faire du blé avec ces minables? Est-ce que le rap français est condamné à l’obscurantisme?

 

La stratégie marketing coupe la tête au cliché homophobe de la dite sous-culture de banlieue (les ploucs quoi). La connerie s’auto-régule. Néanmoins, les dérives des groupes de rap reflètent de façon allégée un état d’esprit criminel et sanguinaire vis-à-vis des homosexuels dans certains quartiers névrosés (il suffit de lire les journaux des derniers mois relatant les persécutions subies par les gays dans ces zones). Loin de moi l’idée de remettre en cause leur liberté de dire ce qu’ils veulent : au risque de paraitre maso, je préfère presque certains artistes homophobes aux propos dérangeants, aux artistes gay-friendly  super-pouffiasses produisant des caricatures de l’homosexualité dans leurs clips afin de vendre des disques. Le problème ne vient pas des artistes mais de la misère intellectuelle qui règne dans les banlieues françaises.