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Visite d’Hu Jintao en France : gay pride ou grosse honte?

4 Nov

Alors qu’il y a à peine 3 ans, les Jeux Olympiques de Pékin avaient suscité les saillies médiatiques de toutes les organisations de défense des droits de l’homme, il est remarquable que la visite d’Etat d’Hu Jintao en France cette semaine, ne fasse l’objet d’aucune véritable contestation.



Il semble qu’en quelques années, l’image de la Chine en France se soit particulièrement redorée. L’attribution du Prix Nobel de la Paix à un Liu Xiabo, condamné à onze ans de prison pour subversion, a rapidement été évacuée par les médias occidentaux, bien loin de l’émotion récurrente autour d’autres défenseurs des droits de l’homme comme Aung San Suu Kyi. Pire, on apprenait récemment que Nicolas Sarkozy n’avait même pas félicité le nouveau lauréat du Nobel. La diplomatie du chéquier, contraire aux engagements de campagne du candidat Sarkozy, vient supplanter encore une fois l’implication française dans la lutte pour les droits de l’homme.
Pourtant, les diplomates et les milieux économiques ne sont pas les seuls à participer à cette idéalisation de la dictature communiste. La Chine a mené une opération-séduction qui a marqué l’opinion depuis les Jeux Olympiques jusqu’à l’Exposition universelle de Shangaï. Les journalistes semblent les premiers à être tomber sous le charme et les articles dithyrambiques s’accumulent sous la plume des faiseurs d’opinion.
Lorsqu’on parle des droits de l’homme en Chine, on s’intéresse principalement à la violation des droits et des libertés politiques (pluralité des partis, liberté d’expression…) Qu’en est-il du droit des homosexuels dans un pays qui compterait environ 30 millions de gays selon les statistiques du China Daily (mais comment prendre au sérieux ce chiffre)?

Quelques lueurs dans l’obscurité sont à noter ces dernières années après une période de persécution qui assimilait les gays à des opposants politiques: en 1997, la sodomie est dépénalisée et en 2001, la nouvelle classification des désordres mentaux et de leur diagnostic supprime l’homosexualité sur la liste des maladies mentales. En 2009, la première Gay Pride a eu lieu à Shangaï en toute discrétion (500 personnes) : pas de marche dans la rue comme chez nous, mais des manifestations dans des clubs et cinémas de la ville. En janvier 2010, la première élection de Mister Gay China a été une avancée médiatique supplémentaire. Cette élection organisée à Pékin, a cependant intéressé davantage la presse étrangère que les médias locaux pour qui l’homosexualité reste un tabou. Au dernier moment, l’événement a été annulé par la police chinoise : l’élection d’un représentant chinois pour le concours de Mister gay World en Norvège posait un problème aux autorités. Au mois de juin 2010, la communauté gay de Pékin a essayé de dépasser cet échec en organisant sa propre gay pride : cette fois-ci l’accord de la police avait été soigneusement assuré par les organisateurs.


L’acceptation de l’homosexualité est encore un problème dans un pays conservateur et rural. Les crises de paranoïa des autorités seraient aussi à l’origine de rafles dans le milieu homosexuel. Cependant, des bars gays voient le jour dans les grandes villes. L’université de Shangaï a même proposé un cours sur l’homosexualité dans lequel un seul étudiant s’est officiellement inscrit bien que les salles de conférences étaient à chaque fois remplies : ce qui prouve bien une gène persistante, même dans le milieu étudiant, malgré un grand intérêt.
La sociologue Li Yinhe a même conçu un projet de loi pour le mariage gay mais n’a jamais trouvé les 30 députés nécessaires pour le mettre à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale populaire (le parlement chinois). Ce projet était prématuré mais manifeste tout de même l’intérêt croissant de la société pour l’homosexualité.